Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/290

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remporter, successivement, trois bouteilles de champagne, sous prétexte que « ça pue le bouchon » et finalement — sur notre refus indifférent à l’une et à l’autre — compose le menu avec des hésitations de gourmet.

Allons, Nicole ! Souris, contre la mauvaise fortune : il n’y a pas moyen de duper ce journaliste trop maître de soi ; efforce-toi au moins de t’amuser en sa compagnie. Ce sera toujours autant de gagné.

M. Yves est de commerce agréable, je suis obligée de le reconnaître. Dès la première truffe avalée, dès le premier verre vidé, sa langue se délie ; et c’est un causeur fort divertissant. Ce directeur de gazette est une gazette vivante : par lui, nous apprenons qu’Un tel, le critique dramatique, a du goût pour un comique des Folies-Joyeuses ; que Machin, l’académicien, a failli être pris en flagrant délit d’adultère dans un hôtel de la rue Pigalle ; que ce même cabinet particulier où nous nous trouvons, est le lieu habituel où un sénateur de réputation austère régale des jeunes écolières et leur fait, au dessert, un cours d’anatomies comparées. Puis, il nous confie les raisons scabreuses pour lesquelles la faiseuse d’anges de