Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/292

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d’une déclaration passionnée : « Je me jetterais au feu pour vous ! Je voulus l’éprouver. Cinq minutes plus tard, au moment où il allumait une cigarette, je saisis le tison enflammé et je lui brûlai, exprès, le bout des doigts… Aussitôt, mon vantard de hurler : « C’est idiot ces plaisanteries-là ! Vous m’avez fait un mal horrible… Sonnez, que l’on m’apporte un peu de vinaigre ! Et puis, je vous préviens, ne recommencez pas ! » Voilà l’homme qui prétendait s’offrir à l’incendie en mon honneur : lorsqu’il se vit deux millimètres d’épiderme roussi, les invectives qu’il trouva pour me reprocher cette torture dépassèrent ses plus fougueuses déclamations d’amour !

M. Yves esquisse une grimace de contrariété, sourit à quelque pensée soudaine, et siffle entre ses dents, l’air :


« As-tu vu la casquette, la casquette… »


Je le regarde, interloquée. Le journaliste dit finement :

— Il n’était pas indispensable de me conter cette histoire pour me prouver que vous avez l’art de vous moquer admirablement des gens…