Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/299

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siens… Vous me les apporterez au journal. Vous savez que l’Agioteur, aussi littéraire que financier, publie deux contes par jour ? Et si votre copie est bonne — au besoin, je vous indiquerai les retouches nécessaires, je vous apprendrai le « métier » — eh bien : je l’insérerai chez nous. Qu’en dites-vous, future collaboratrice ?

— Je dis que je joue de malheur, vraiment : jadis, un ministre m’offrit les palmes ; aujourd’hui, un journaliste m’offre une plume…

— Alors, Nicole ?

— Je cherche le grain de mil.

Dépité, désappointé, M. Yves fronce les sourcils : son monocle tombe. Je détourne la conversation :

— Baissez donc ce grillage, monsieur Yves ; nous sommes cachés à la façon des femmes d’Orient.

Le journaliste paraît embarrassé. Il finit par s’excuser :

— Si cela vous est égal, je préfère qu’il reste ainsi… J’ai aperçu madame Bouvreuil, tout à l’heure, dans la loge qui nous fait face… J’aime autant qu’elle ne me remarque pas… entre vous deux…