Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/340

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vous ai jugée, dès le début, je ne vous vois point femme, à la manière des femmes. Avez-vous été enfant, fillette, jeune fille ?… Durant ces étapes successives, il me semble que vous deviez causer cette impression de « jamais vue ». Il est impossible, j’en suis sûr, de découvrir votre semblable de par le monde : On ne peut vous définir pareille aux autres, et je serais fort embarrassé de vous assigner une condition quelconque si je ne vous connaissais pas. Vous êtes une créature absolument particulière… Alors, quoi d’étonnant à ce que vous viviez en marge des organisations sociales, jeune être unique et mystérieux qui paraissez avoir puisé vos éléments dans une race inconnue de la société ? Le phénix est censé ignorer la loi. Donc, Nicole, je vous aime, mais je vous respecte ; je vous désire, mais je vous révère… Parce que, Nicole, vous appartenez à cette classe rare des parias aristocratiques qui s’affranchissent de nos préjugés, — les estimant inférieurs à leur essence… Tel l’aigle méprise la montagne — puisqu’il plane au-dessus des sommets. Je sens profondément que vous êtes — pardonnez-moi la banalité de l’expression — une honnête femme, Nicole. Et ce que les