Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/344

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Mais j’aime mon amant, monsieur. Je l’aime même énormément, depuis que je me suis aperçue que c’est le seul honnête homme que j’aie jamais rencontré. Vous épouser !… pardi, vous aviez pensé que je tomberais dans vos bras lorsque après m’avoir fait toucher mon déshonneur du doigt entre les lignes de votre beau discours, vous auriez la mansuétude de m’arracher à ma position irrégulière ! Vous me donniez votre nom — ce nom roturier (car, vous n’êtes même pas vicomte de Courpière) : Que voulez-vous que j’en fasse, mon cher Dangel ? J’ai cent mille francs de rentes (ce léger détail vous est connu). Or, apprenez qu’à ce prix-là, on peut toujours s’acheter de l’honorabilité : le marchand vous enveloppe cette denrée avec des parchemins authentiques par-dessus le marché… Quelle honte ! Je ne vous croyais guère capable d’en arriver là. Qu’on ne paye pas ses dettes ; que l’on quitte vilainement une femme ; qu’on risque des opérations plus ou moins équivoques ; qu’on oublie de légitimer ses bâtards en les laissant mourir de faim, ou qu’on manque à la parole donnée : voilà la menue monnaie tolérable, qui a cours au taux de l’indélicatesse humaine. Mais il est