Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/364

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à la sortie des théâtres, il passe beaucoup d’autos par ici, je pense : « C’est un pneu qui a éclaté, dehors. » Mais cinq minutes après, une autre détonation, suivie d’une troisième. La bonne accourt en criant : « Madame… madame… Ça vient d’au-dessus ! » Mon sang ne fait qu’un tour. Nous restons là, sans oser bouger. Je ne sais pas combien de temps ç’aurait duré, si madame Marthe n’était pas descendue de sa chambre, hurlant : « Il y a quelqu’un qui est en train de faire un malheur, à côté : c’est épouvantable ! » Nous nous sommes décidées alors à remonter avec elle ; je tremblais, mes jambes flageolaient. On a frappé à sa porte ; et puis, nous sommes entrées. Ah ! le pauvre jeune homme… Il râlait. Il était couché de travers, la chemise ouverte… La peau aussi blanche que celle d’une femme… Il tenait encore son revolver dans la main droite… Et sur sa poitrine, un peu à gauche, il y avait un petit point sombre de chair brûlée, pas plus large qu’un confetti, d’où s’échappait une seule goutte de sang, toute brune. Quand je me suis approchée, il a dit faiblement : « Je voudrais la revoir une dernière fois. » J’ai demandé : « Qui ? » — « L’adresse est sur la lettre », qu’il m’a répondu,