Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/366

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prenante : son récit copieux a duré à peine cinq minutes.

Je m’aperçois que Paul ne l’écoute plus. La figure tendue, les paupières baissées, une lueur aiguë filtrant à travers les cils, mon ami observe avidement quelque chose dans ma direction, vers ma taille… Mes yeux suivent son regard, afin de comprendre… Et je vois, entre mes doigts ramenés à la ceinture, la petite enveloppe jaune que m’a donnée la patronne de l’hôtel et que j’ai prise machinalement : la lettre de Julien ! Je pénètre la pensée de Paul… Je l’entraîne doucement à l’écart : « Lisons-la. » La communauté que j’affirme à cet instant me vaut un sourire reconnaissant, et c’est d’un œil moins soupçonneux, sinon curieux, que Paul, serré contre moi, parcourt ces lignes désordonnées tracées par une main fébrile :

« Ma chère aimée,

» Ne m’en veuillez pas si je vous dis, sans amertume, que je me tue à cause de vous. J’ai besoin de m’expliquer, avant le silence définitif. Peut-être alors me croirez-vous, Nicole… Vous m’avez toujours repoussé. Mon amour vous a paru la marque d’une fatuité déplacée,