Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/387

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mouille mes cils, fait trembler mes lèvres… Paul me regarde avec attendrissement. Exaspérée, je balbutie :

— Tu es idiot, tiens !

— Merci.

Rancunière mais curieuse, j’hésite entre le silence boudeur ou l’interrogation. Je finis par demander :

— Et avec qui te maries-tu ?

— Avec toi, parbleu !

L’émotion me suffoque, m’empêche de répondre.

J’éprouve d’abord un sentiment de révolte : « Quelle proposition saugrenue : le mariage, cette corvée légale ! » pense la Nicole instinctive et sauvage. Et puis, je songe au chagrin ressenti, l’instant précédent, quand je crus Paul fiancé à une autre : la peur de le perdre m’enseigne la sagesse… Jamais une femme ne refusera d’enchaîner plus solidement son amant.

Et c’est par une sorte de fausse honte que je proteste sans conviction :

— Oh ! Paul… À quoi bon cette formalité inutile ?

— Inutile ! Mais, elle est indispensable, chère amie…