Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/108

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factices ; tout un monde de gens manégés où un geste bien naturel, un rire bien franc eussent paru incorrects à force d’être inusités.

Romain cherchait, au moins, à caresser son regard de quelques jolies choses féminines : la blancheur d’une épaule nue, la finesse d’un profil perdu, la rondeur potelée de deux seins apparaissant dans l’évasement d’un corsage trop penché.

Tout à coup, il tressaillit : il venait de reconnaître, assises à l’orchestre, la comtesse de Francilly et sa fille, la brune Simone ; celle-ci, très décolletée dans une robe blanche, offrait, sous la matité d’une nuque envahie de frisons sombres, la surprise inattendue d’une chair laiteuse et satinée, plus claire, plus pâle que le teint du visage.

Le jeune député remarqua avec satisfaction que Mme de Francilly était engagée dans une conversation très animée avec le chef du cabinet du ministre du Bien Public, un avo-