Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/110

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tieux, plus snob que jouisseur, il avait la conviction d’avoir manqué son but alors qu’il avait simplement manqué de courage. Avocat obscur dans sa jeunesse besogneuse, il avait connu sa chance vers la quarantaine en perdant son père et sa mère : apitoyée de le voir seul, une tante à héritage avait recueilli le vieil orphelin à qui elle offrait le vivre et le couvert, lui laissant le soin de ses dépenses personnelles. Comme sa respectable parente fréquentait le monde parlementaire, Maximilien s’était découvert des visées politiques ; il avait échoué à la députation, mais sa tante, qui connaissait le ministre du Bien Public, l’avait fait agréer à celui-ci pour chef de cabinet. Neuville, à l’instar de tous les ratés, enviait forcément ceux de ses camarades qui avaient réussi. Il ne se demandait pas si ses revers étaient dus à son caractère : sa cervelle d’oiseau était assoiffée de distractions « chics » et d’imitation servile des personnages à la mode ; il vivait dans la préoccu-