Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/129

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prudent : laisser traîner mes lettres sur son bureau !… Ah ! nos lettres d’amour… Pauvres femmes éperdues, nous les écrivons avec fièvre, entraînées malgré nous à exprimer nos sentiments avant d’oser les prouver à l’aimé… Nous jetons notre cœur sur le papier… Et celui qui reçoit ces protestations passionnées les oublie négligemment sur une table, parmi des lettres de fournisseurs, à la merci des indiscrets. »

Et elle se rappelait avec quelle ardeur Romain sollicitait ses lettres, à défaut de faveurs plus effectives. C’était bien la peine de lui écrire !

Elle se ressaisit. Armand lui disait :

— Je le sais bien, parbleu ! que cette lettre doit être d’Adèle, cette effrontée que j’ai congédiée… N’importe. Croyez-vous qu’il me soit agréable, ma chère, que la première bonne venue puisse trouver dans mon entourage ces éléments de dénonciation ?

Simone pâlit. Cette fois, les soupçons de