Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/16

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promenait lentement dans son quartier sans savoir où aller. Elle habitait un bel immeuble du boulevard Haussmann, presque à l’angle de la rue Taitbout. Elle se dirigea machinalement vers les grands boulevards et se mêla à la foule qui défilait sur le trottoir, plus épaisse et plus lente que de coutume. C’était presque un jour de fête : le mardi qui suivait Pâques et la première semaine de vacances parlementaires. Mme Lestrange ne songeait guère à ce dernier détail, ignorant qu’il dût avoir un intérêt dans sa destinée.

Le boulevard plein de monde finit par obséder Simone. Elle avait ralenti sa marche. Le trille aigu d’une sonnerie électrique attira son attention. Elle se trouvait à l’entrée d’un cinéma, serrée dans le flot de gens qui coulait vers le guichet. Poussée par derrière, Mme Lestrange avançait malgré elle ; arrivée au contrôle, elle prit une place et entra avec un sentiment de délivrance dans la grande salle baignée d’ombre.