Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/21

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regret de la minute passée dont elle se souviendrait avec confusion lui inspira le désir de conserver tout au moins l’anonymat de la nuit ; et elle se sauva brusquement à travers la salle noire.

Soudain, Simone s’effara : son voisin s’était levé en même temps qu’elle ; il courait sur ses talons. La jeune femme accéléra sa fuite et poussa la porte de sortie : mais, là, sa curiosité la perdit ; elle voulut savoir quelle tournure avait son suiveur et lui coula une œillade oblique : elle vit un jeune homme de vingt-huit à trente ans qui présentait tous les signes d’une origine provençale : de taille moyenne, avec un visage sarrasin aux traits réguliers ; les cheveux châtain roussi ; la moustache retroussée au-dessus de sa lèvre, s’ébouriffant en mousse dorée ; le teint chaud, ce teint d’ambre bruni des Méridionaux blonds ; les yeux verts, troués d’une pupille largement dilatée qui les faisait paraître noirs ; il regardait la jeune femme en souriant.