Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/47

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Simone s’accouda au rebord de la loge et regarda. Les tribunes du public étaient bondées d’une foule fiévreuse, frémissante, qui se tendait vers l’hémicycle, contemplant ces hommes qui s’agitaient et rugissaient en bas. L’assemblée donnait l’impression d’un cirque : le public, pressé, entassé sur les gradins, examinait curieusement l’arène et les fauves, auxquels on jetait le pays en pâture pour la plus grande joie des spectateurs.

Aujourd’hui, la séance était calme. À la tribune, le député Ceccaldi prononçait un discours inintelligible sur un ton monocorde qui dégageait une sensation adoucissante d’invincible somnolence. Ses collègues causaient entre eux sans l’écouter et levaient fréquemment la tête vers les tribunes où se distinguaient des silhouettes féminines. Simone devina qu’ils échangeaient d’un air austère leurs réflexions folâtres sur la beauté de quelques-unes. Certains même souriaient ouvertement en dévisageant les spectatrices.