Page:Marais - Pour la bagatelle.djvu/53

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— Les souteneurs de la République, enfin !

Ils tenaient ces propos en cheminant lentement sous les marronniers feuillus des jardins pleins d’ombre et de chaleur parfumée. C’était une de ces soirées de printemps, lourdes comme une nuit d’été, où l’air brûlant semble enfiévré de caresses ; où les couples coulent tout doucement vers les promenades, grisés par la sensualité de cette température étouffante et troublante.

Simone, doucement émue, s’épancha à son tour. Elle narra le roman de sa jeunesse, en l’arrangeant un peu ; dépeignit sa tristesse de jeune femme délaissée et mal mariée : « À certains moments, j’ai envie de me réfugier chez ma mère ; rien ne me retient : je n’ai pas d’enfants. »

Mais soudain, elle s’interrompit, pour consulter sa montre :

— Sept heures et demie !… Il faut que je rentre chez moi : mon mari m’attend.

Romain, qui commençait de craindre d’avoir