Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/117

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mon en lui contant des anecdotes où son esprit, tourné et retourné en tous sens, scintillait de mille feux, tel un diamant dont on tourne et retourne chaque facette à la lumière.

Denise entra d’un pas discret. Elle présenta son profil fin, sa silhouette souple, son allure pleine de distinction sobre et contenue, aux regards d’Abel Salmon qu’elle ne sembla pas apercevoir ; et, se dirigeant rapidement vers Marcel, elle lui dit d’une voix brève :

— Je vous demande pardon, monsieur… mais c’est pour la signature du courrier… il y a des lettres pressées.

Marcel d’Arlaud — qui savait jouer la comédie aussi parfaitement qu’il l’écrivait — affecta une gravité significative pour signer des papiers insignifiants. Il sortait son stylo de sa poche tout en relisant, au fur et à mesure, les lettres qu’il parafait ; prolongeant à dessein cette petite cérémonie.

Denise, debout, toute droite, attendait impassible. Abel, la tête levée, l’examinait curieusement ; sa prunelle émoustillée détaillait la minceur élégante de la jeune fille, la transparence de son