Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/136

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filles gardaient le silence, brisées de fatigue et surexcitées à la fois. Gilberte, de complexion moins nerveuse, commençait à somnoler.

Tout à coup, M. Tardivet s’écria, d’une voix véhémente :

— Non : ce n’est pas possible !

Ses compagnons sursautèrent. Il continua :

— Ce n’est pas possible, M. d’Arlaud… Un autre, je ne dis pas… Mais, M. Salmon !… Voyons, vous n’avez pu songer à M. Salmon pour Gilberte ?

— Et pourquoi non ? rétorqua Marcel. Dès le premier jour, je vous ai déclaré que l’époux éventuel que je destine à l’aînée vous touche de près…

— Ce projet-là, c’est invraisemblable !

— Qui vivra verra… Vous serez peut-être doublement étonné.

— Allons donc, c’est fou !… Ma fille, épouser…

Et le caissier acheva, avec un accent d’inimitable vénération :

— Le patron !