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Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/140

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nait d’avoir lancé cette inconnue, de s’être faits les montreurs de cette nouvelle bête curieuse ; — du moment qu’ils se laissaient interroger, harceler de questions sur la rivale qu’elle détestait d’instinct, ulcérée de jalousie.

Et après avoir interpellé sèchement le maître d’hôtel :

— Armand, votre service… Le deuxième verre de M. d’Arlaud est vide !

Nelly reprenait, les lèvres pincées, avec une mine de dédain impayable :

— Vous trouvez qu’elle me ressemble vraiment, cette Gilberte ?

— Comme la parfaite copie d’une œuvre d’art, ripostait galamment d’Arlaud.

Il exultait intérieurement. Le dépit courroucé de Nelly Rosane le vengeait déjà amplement de la jolie femme. Elle l’avait évincé autrefois : il lui suscitait aujourd’hui une concurrente plus jolie, et plus jeune.

C’était une revanche savante, cruelle et raffinée. Or, comme il est très rare qu’un homme puisse se venger d’une femme sans muflerie, Marcel se félicitait d’avoir accompli ce tour de