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Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/154

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par cette constatation à tenter une expérience qui le fixerait sur les sentiments du banquier.

Il répliqua d’un ton bonasse :

— Excusez-moi, monsieur. Les événements de ma vie privée ne doivent pas avoir de répercussion sur mon exactitude au bureau. Toutefois, l’exception d’enterrement ou de mariage…

— Vous avez perdu quelqu’un ?

— Non, monsieur, grâce à Dieu ! Mais j’ai été retenu tout à l’heure par un charmant jeune homme qui sollicitait la main de ma fille Gilberte.

Le banquier eut un tressaillement involontaire. Il s’oublia jusqu’à poser des questions incorrectes :

— Pourquoi mariez-vous votre fille ? Elle aime ce jeune homme ? Qui est-ce ?

Tardivet, frappé du désarroi secret que trahissait l’attitude de M. Salmon, répondit :

— À vrai dire, monsieur, Gilberte, après avoir souhaité faire sa carrière d’artiste, s’est vite aperçue que la vie de théâtre est pénible pour une fille vertueuse… Elle préfère se marier honnêtement avec un jeune homme qui l’adore…