Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/181

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geste câlin ; et, lui entourant la taille de ses liras, elle la pressa contre elle en continuant :

— Et toi, ma chérie, comprends que tu faisais fausse route en rêvant d’un mariage d’argent ; comprends-le, rien qu’à l’hésitation monstrueuse qui t’empêche de savoir à cet instant lequel te répugne le plus, de l’homme que tu veux ou de l’homme que tu repousses, de ton fiancé ou de Marcel d’Arlaud… N’est-ce pas que tu viens d’apercevoir, en un éclair, la hideur de l’acte d’amour — commis sans amour… Vois-tu ce sont les romanesques et les sentimentales comme moi qui ont l’instinct de la vérité : il faut qu’une fille honnête soit éprise de tout son cœur pour subir la première possession sans y trouver d’abjection. Il était dit que Marcel d’Arlaud te découvrirait le mari rêvé — seulement, ce n’est pas celui qu’il pensait… Gilberte, tu le connais, le mari auquel tu pourras appartenir sans regret, sans dégoût, sans calcul, — proprement… Celui qui t’embrassait dans les coins, pendant vos répétitions, quand je tournais la tête pour ne rien voir : Il t’a demandée en mariage la semaine dernière, et il ignore encore tes fian-