Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/31

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tout honteux, je cache au fond de moi-même un goût inavoué pour la morale et les bons penchants : la vertu, c’est mon vice secret. J’aime ce qui est sain et régulier. Hier, dès que j’ai su que c’était une vraie jeune fille, possédant un père honnête, qui m’écrivait ces billevesées, je fus pris du besoin spontané de me ranger du côté de Géronte, de corriger Agnès et de jouer au moraliste… Est-ce bête !

M. Tardivet répondit simplement :

— Monsieur, je n’oublierai pas votre grande obligeance et je vous en serai très reconnaissant…

Il ajouta, avec l’obstination de sa confiance paternelle :

— Même si l’abstention de ma fille doit la rendre inutile.

Et ses yeux désignaient la pendule qui marquait quatre heures moins cinq.

Au même instant, on entendit sonner le timbre de la porte d’entrée.

M. Tardivet réprima un mouvement de dépit, tandis que Marcel d’Arlaud faisait observer malicieusement :