Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/37

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tous les pères… Quand vous étiez jeunes, vous ne songiez qu’au bonheur, au printemps, au soleil, aux douceurs de la vie à deux : c’est ce sentiment qui vous poussait à fonder une famille. Mais le jour où leurs fillettes deviennent grandes, les parents sont vieux : ils ont oublié tout ce qu’on désire à vingt ans ; ils ne se demandent pas s’il nous manque quelque chose… Pour eux, l’enfant fut le but de l’amour ; mais ils ne pensent pas que l’amour peut être le but de l’enfant. Tu n’as jamais réfléchi que Gilberte souffrait sans doute à l’idée de rester vieille fille ?

— Suzanne !

Gilberte, gênée, voulait l’arrêter. Marcel d’Arlaud qui éprouvait un intérêt de plus en plus vif pour cette jolie fille, questionna avec une nuance d’embarras :

— Il est impossible, Mademoiselle, que vous n’ayez pas rencontré… Enfin, c’est extraordinaire que personne n’ait jamais demandé votre main ?

Suzanne riposta pour sa sœur :

— Mon Dieu, monsieur, évidemment… Vous trouvez Gilberte ravissante et vous n’êtes pas le