Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/49

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ne se décrit pas l’amour, ça s’éprouve… Dès qu’on a seize ans, on vit dans l’attente de la rencontre. Comment sera-t-il ? On ne sait pas. On sent qu’on l’aimera tel quel, jeune ou non, beau ou laid, riche ou pauvre… Vous le dépeindre ? Je ne peux pas, puisque je ne l’ai pas encore vu. Vous le devinerez peut-être, vous : c’est votre métier d’écrivain d’assortir des sentiments, comme un peintre assortit des tonalités… et c’est à vous de déterminer la couleur de mon amour.

— Je le vois bleu ; décréta Marcel. Dire que ces petites bonnes femmes rieuses sont presque toujours des sentimentales !… Vous êtes la plus difficile des trois, mon enfant… Vos sœurs exigent beaucoup moins : un polichinelle aux grelots d’or et un pantin à berner, je connais des adresses où l’on me fournira ces joujoux-là… Mais un véritable amoureux : fichtre ! ça complique mon programme. Je m’occuperai de ça plus tard. Vous, vous avez le temps d’attendre… Commençons par marier l’aînée.

M. Tardivet répéta :

— Alors, vraiment, monsieur d’Arlaud, ce