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Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/63

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— Chante ça ; conseilla Suzanne avec autorité en plaçant un morceau devant sa sœur.

Gilberte commença les premières phrases d’une voix tremblante ; peu à peu, son ton s’affermit ; elle nuançait son chant avec un goût sûr et mesuré, une expression très juste.

Suzanne, sagace, lui avait choisi une romance d’exécution flatteuse. Charmés, les deux hommes écoutaient la chanteuse avec un plaisir visible. Lorsqu’elle eut fini, Pick s’écria enthousiasmé :

— Mon cher, elle dira le couplet à merveille… Tu m’as fourni un clou !

Suzanne demanda vivement :

— Auriez-vous l’intention de la faire débuter ?

— Oui, mademoiselle.

Les deux sœurs échangèrent un sourire ravi. Gilberte murmura :

— Entrer au théâtre… Quel bonheur !

Marcel chuchotât à l’oreille de son ami :

— Peut-on nier que nous ne descendions du singe, quand on constate quelle prédilection unanime manifestent les femmes pour les arts d’imitation ? À quoi rêvent les jeunes filles…