Aller au contenu

Page:Marais - Pour le bon motif.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis qu’ils roulaient vers l’Opéra, Marcel questionna :

— Est-ce que vous êtes en froid avec Nelly ?

— Mon ami, j’aime beaucoup les paons. J’en possède plusieurs dans mon jardin. C’est une véritable jouissance pour moi que d’arrêter mes yeux sur ce plumage aux tonalités exquises, aux bleus de pierreries qui font scintiller ces vivants éventails. Mais que cet oiseau des mille et une nuits pousse son cri, et je me sauve horripilé. Voilà mes relations avec Nelly. Elle est délicieuse, enivrante, admirable, je ne peux pas me passer de sa beauté ; mais ses manières m’exaspèrent : ce goût de grossièretés, cette vulgarité… Il y a des jours où je suis écœuré.

— Quittez-là.

— À quoi bon ?… Prendre une autre maîtresse, peut-être moins jolie et tout aussi commune ? À moins qu’elle ne joue — poupée prétentieuse — à la fausse distinction, ce qui serait pire ! Non. Autant garder Nelly… Je ne puis rester seul.

— Mariez-vous.

— À mon âge ? Quelle idée !… Et puis, fran-