Page:Marais - Trio d amour.pdf/10

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versant la chaussée, se perdit dans la cohue du carrefour Châteaudun.

On la suivait toujours, lorsqu’elle sortait seule : les assiduités masculines lui avaient donné l’horreur de la rue. Adrienne possédait une beauté impeccable, de proportions parfaites.

Cette grande fille élancée était de celles qui attirent les regards : sa figure fine aux traits réguliers, à l’ovale un peu allongé, semblait éclatante de blancheur grâce à l’opposition d’une chevelure trop noire.

Elle s’engagea dans la rue de Châteaudun et s’arrêta devant un bel immeuble qui se dresse, en retrait de l’alignement des maisons voisines, au fond d’une cour où deux arbres grêles et quelques brins d’herbe jettent une note de verdure bien imprévue en plein centre du Paris des affaires ; à côté des façades industrielles couvertes d’inscriptions, depuis la firme de leurs boutiques jusqu’aux balcons chargés d’enseignes ; parmi les magasins de curiosités, les librairies anciennes et les vitrines où fleurissent les estampes et les tableaux.