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Page:Marais - Trio d amour.pdf/116

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désagréable. Il pensa : « C’est embêtant, cette histoire-là ! » et regarda Adrienne : « Mon Dieu, oui ; elle est très jolie… Mais ce n’est pas ma faute, à moi : ce genre de beauté ne me dit absolument rien ! »

N’étant pas épris, il pouvait envisager de sang-froid les risques d’une pareille aventure. Il s’effraya. Jusqu’ici, les femmes ne lui avaient donné que ce qu’il leur demandait ; il goûtait le plaisir des camaraderies sensuelles avec d’aimables marchandes de joie qui affectaient poliment de s’amuser en sa présence, mais l’oubliaient sitôt parti. Il songea que ce serait terrible d’avoir une maîtresse qui continuerait de penser à lui quand il serait absent. À la sensation d’être aimé pour soi-même, un sage égoïste s’effare toujours.

Robert n’était pas de complexion romanesque ni sentimentale : les exigences d’une grande passion l’eussent épouvanté. Il n’avait jamais souhaité l’aventure rare ; et Mistiche le contentait amplement : ses cajoleries étaient assez empressées pour lui procurer l’illusion d’une volupté sincère ; et sa petite âme trop cupide pour inquiéter son