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Page:Marais - Trio d amour.pdf/118

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les larmes sont faites pour les petits chagrins ; les grandes douleurs semblent les tarir.

Robert se rapprocha ; il posa sa main sur la tête d’Adrienne et caressa légèrement la mèche blonde qui rutilait parmi les cheveux noirs. Il essaya de la raisonner, de la désillusionner en se montrant sous un aspect défavorable. Il dit sans vanité :

— Ma pauvre enfant, vous divaguez… Vous vous êtes monté la tête. Regardez-moi : je serai bientôt vieux. J’ai l’âge d’être votre père : cinquante-trois ans, dans deux mois… Je ne compte plus. Et vous m’auriez offert cette beauté, ce petit cœur, cette jeunesse toute fraîche que je ne mérite pas ?

Labrousse s’y prenait mal : il était trop attendri. Sa douceur bouleversa Adrienne. Et puis, elle comprenait quel sacrifice il s’imposait en avouant son âge… Elle protesta à voix basse :

— Les autres aussi sont jeunes… plus jeunes que moi !

Il sourit ; et sa réponse exprima le respect de la femme qui travaille :