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Page:Marais - Trio d amour.pdf/121

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Il lui glissa les billets de banque dans la main, en concluant :

— Je m’occuperai de vous obtenir un autre emploi… D’ailleurs, je reste à votre disposition si jamais vous avez besoin de moi… Vous n’aurez qu’à m’écrire un mot.

Adrienne se leva brusquement. Ses yeux tragiques se fixèrent une dernière fois sur M. Labrousse comme pour enregistrer son image. Et soudain, lui jetant les billets bleus à la tête, elle s’enfuit en claquant la porte.

Son geste était stupide. Ces quelques centaines de francs représentaient son travail, son salaire ; et le dédommagement d’un renvoi inattendu. C’était, en somme, son dû. Néanmoins, ç’avait été un mouvement irréfléchi, instinctif, spontané : il lui eût paru déshonorant d’accepter de l’argent d’un homme auquel elle avait laissé voir son amour, dans un instant de défaillance.

Devant l’acte de la jeune fille, Robert haussa les épaules. Il ramassa les billets, les replaça dans son portefeuille ; et revint s’asseoir à sa table de travail ; — sans se douter (lui, pour qui cette