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Page:Marais - Trio d amour.pdf/124

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attirait la jeune fille au grand jour : alors, il s’aperçut du désordre où elle était ; il remarqua sa figure contractée, ses yeux douloureux… Il s’inquiéta.

Adrienne eut d’abord un mouvement de dépit : le député venait rarement au bureau de Labrousse. Et le hasard l’amenait, juste aujourd’hui !… S’il était arrivé cinq minutes plus tard, seulement : elle évitait une rencontre embarrassante. Mais lorsqu’elle considéra le visage d’Edmond Descombes, elle éprouva un tel réconfort devant la sympathie et l’intérêt qu’exprimaient ce regard bon qui la plaignait et ces lèvres émues qui se retenaient de prononcer les questions importunes, que son chagrin se soulagea soudain dans une explosion brusque. Heureuse de pouvoir pleurer enfin ces larmes qui l’étouffaient, Adrienne, sanglotante, se jeta sur la poitrine de son vieil ami en gémissant :

— Oh ! Descombes… Mon cher Descombes… J’ai de la peine ! Je souffre beaucoup !

Descombes était un brave homme. Il ne songea pas un instant à s’offusquer des œillades intriguées des passants, qui s’ébaudissaient à la vue