Aller au contenu

Page:Marais - Trio d amour.pdf/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ami complice qui couvrait l’adultère du mari.

Adrienne l’écoutait pensivement, et ses idées prenaient un autre cours ; elle évoquait cette existence de demain qu’elle avait si ardemment souhaitée, aux premiers temps qu’elle connaissait Labrousse : vivre en égale devant lui, recouvrer le prestige de la riche bourgeoise qu’elle avait été durant son enfance heureuse… L’espoir est une mémoire qui désire, le souvenir est une mémoire qui a joui, a dit Balzac.

La satisfaction lénitive de sa vanité flattée apaisait sa fièvre, incitait peu à peu sa volonté à chasser le mauvais désir et à se résigner sagement au bonheur vulgaire que tant d’autres lui eussent envié. Une curiosité intense la saisissait d’entrer dans l’intérieur des Labrousse, de se familiariser avec le décor où vivait Robert ; — sans qu’elle se rendît compte que cette curiosité n’était qu’une nouvelle manifestation de cet amour qu’elle croyait mater en ce moment. Elle sentait naître le désir impatient de fréquenter sa femme et d’embrasser son fils. Sa femme… Adrienne évoquait la silhouette élégante et fine de Cécile Labrousse,