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Page:Marais - Trio d amour.pdf/215

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mort ; mais elle ne pourra pas faire le geste meurtrier. Au fond d’un crime dit passionnel, il y a toujours des raisons obscures, louches, secrètes, qui partent du cerveau et non point du cœur : parfois, c’est un calcul d’intérêt dont la flamme cupide s’abrite derrière l’écran hypocrite d’une vengeance amoureuse : combien d’épouses trompées, en armant le revolver, songeaient à leur avenir de veuve libérée plus qu’à la trahison conjugale ! Parfois, c’est le prestige de l’auréole rouge : une linotte détraquée tirera sur son amant afin de ressembler à l’héroïne d’un feuilleton malsain. Et parfois, c’est aussi une manifestation désespérée de la misère humaine où, dans un geste d’envoûteuse, la femme, lasse de souffrir, poignarde le symbole de la vie en frappant l’homme qui la lui révéla.

Labrousse conclut en souriant :

— Mais le véritable amour est-il si tragique ? Le carquois d’Eros est noué de faveur rose et ses flèches n’ont jamais blessé à mort. Une tendresse sincère ne sait point haïr. Elvire se sentira toujours désarmée en présence de l’infidèle.