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Page:Marais - Trio d amour.pdf/219

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Edmond Descombes était trop profondément épris de sa femme pour ne point discerner le désespoir orgueilleux qui grondait sous cette amertume dédaigneuse ; mais Robert ne douta pas un instant de la sincérité de ces propos que s’assimilait si bien sa propre mentalité. Le langage d’Adrienne lui parut l’expression même d’une raison probante, la définition d’une vérité humaine.

Par un revirement inexplicable chez cet être de tempérament rassis, simple sensuel au cœur sec, Robert Labrousse ressentit une étrange mélancolie, subitement attristé par ce néant de l’amour ; envahi d’un regret instinctif à se représenter la lamentable idole, le squelette qui se révèle à nous dès que nous l’avons dépouillé des parures d’illusions sous lesquelles nous l’adorons dieu.

Il l’exprima tout haut, d’une voix songeuse :

— Le réel et l’insoupçonné châtiment des libertins, Mme Descombes ne vient-elle pas de nous l’exposer sans le savoir ?… Le remords, non d’avoir mal vécu, mais d’avoir mal aimé !… Le vide affreux que laisse en notre âme le souvenir de ces intrigues perpétuelles qui nous blasent sans nous