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Page:Marais - Trio d amour.pdf/224

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force inconsciente du verbe. La parole est comme la boisson, à haute dose elle nous étourdit.

Quand Robert n’était pas là, les clients s’attardaient plus volontiers à jaser avec Arnaud.

Labrousse, lui-même, était tenu de faire confiance à son clerc : celui-ci était le seul à connaître la véritable adresse du patron, pendant ses escapades, afin de savoir où lui télégraphier en cas d’événement inopiné.

Ce matin-là, Arnaud, désœuvré, appuyé contre une des hautes fenêtres de l’étude, contemplait d’un air béat le va-et-vient des autos, des passants, les maisons d’en face. Il murmura, très intéressé :

— Tiens !… On fait le ravalement chez Chose…

Et regarda indéfiniment les échafaudages.

Soudain, au ronflement d’un moteur, il reporta ses yeux sur la rue : une voiture s’arrêtait à la porte. Un gros homme en descendit lourdement. Arnaud reconnut M. Cayenne-Duval, le fabricant de savons, un des plus importants clients de Robert après Descombes.

Le gros homme entra dans l’étude en soufflant et salua Arnaud avec une effusion vulgaire de plé-