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Page:Marais - Trio d amour.pdf/26

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restaurant ; on entendait une musique confuse et des rires de femmes ; puis, c’était de nouveau de l’espace sombre et du silence.

Robert Labrousse était un voluptueux ; ses moindres sensations devenaient une saveur.

Il éprouvait toujours le même plaisir à se retrouver chez lui, dans sa belle propriété calme et pimpante : une villa tranquille, cachée au fond d’un grand jardin qu’isolaient des murs imposants. Cécile l’attendait, avec le petit Paul.

Labrousse s’était marié tard, par hasard, avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Ç’avait été, pour l’avocat, l’aventure inespérée. À quarante-deux ans, une rencontre de salon l’avait placé en face d’une jeune fille de vingt ans, Cécile Guyot, la fille d’un ancien avoué, qui s’était éprise de Robert, séduite par ce prestige énigmatique qui auréole l’âge mûr et charme les cœurs juvéniles. L’ingénue moderne choisit Arnolphe et repousse le coquebin : notre adolescence préfère les feuillets jaunis des livres trop lus au néant des pages blanches.