Page:Marais - Trio d amour.pdf/88

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toutes seules. » Elle se relâchait ; au zèle des premiers jours, succédait une mollesse distraite. À quoi bon se donner le mal d’un effort dont il ne lui saurait aucun gré ?

Adrienne préférait rêver au temps qu’il passait auprès de Mistiche. La jeune fille songeait quelquefois à cette Mme  Labrousse qui vivait quelque part, du côté de Saint-Cloud, et laissait Robert aussi libre : « Elle n’aime donc pas son mari ? Elle ignore peut-être qu’il la trompe ?… Ah ! si j’étais à sa place ! » Et la jeune dactylographe, surexcitée par ces réflexions, se mettait à pianoter furieusement, recopiant au petit bonheur.

Robert Labrousse, mécontent, la morigénait plus souvent. Il lui rappelait son activité passée. Alors, pendant une semaine, Adrienne s’appliquait consciencieusement, travaillait avec ardeur. Mais quand M. Labrousse, satisfait, la complimentait :

— À la bonne heure… C’est beaucoup mieux, Adrienne.

Rien que le ton indifférent avec lequel il prononçait cet éloge la faisait retomber dans une morne désespérance.