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Page:Marat - La Correspondance, 1908, éd. Vellay.djvu/145

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LA CORRESPONDANCE DE MARAT 111 sont ses expressions. Plusieurs membres du bureau des passe-ports s'efforçaient de le ramener sur le compte de M. de Joly. H persistait avec plus de force, et ses vives réclamations avaient tous les caractères de la vérité. J'en étais si persuadé moi-même, que je lui offris plusieurs fois de les mettre sous les yeux du public; il ne m'a refusé que parce que le Chàtelet était déjà saisi de sa plainte. Alarmé de ces nouvelles raisons de défiance, dans un moment de crise où j'entrevoyais une trame borrible prête à éclater, et une connivence non équivoque pour tout homme versé dans la politique entre le gouvernement, la faction aristocratique de l'Assemblée nationale et la faction aristo- cratique de la municipalité, ai-je dû me taire? Je cherchais à purger l'Hôtel-de-Ville. J'en avais dénoncé plusieurs membres comme indignes d'aucune confiance. Je vous ai dénoncé moi-même d'une façon spéciale : connaissez les devoirs du citoyen et apprenez que le crime n'est pas de vous avoir accusé, le crime eût été d'avoir gardé le silence. Sûr de la pureté de mon cœur, dès le lendemain j'ai sommé le comte de Pernet, au nom de ce qu'un homme d'honneur respecte le plus au monde, de rendre hommage à la vérité. Cette sommation, faite avec candeur, aurait dû me mettre à l'abri de tout soupçon. Elle m'a procuré l'entrevue du comte, en présence de sept ou huit personnes honnêtes. D'abord, il est convenu de la réalité des imputations; mais il a chiffonné au sujet de M. Joly, et il insinuait qu'il avait parlé de M*** (le nom m'échappe 1 , mais je m'engage à le faire connaître). Sommé de répondre catégoriquement à mes demandes, les témoins ont vu ma franchise et son embarras. Il est donc 1 constant que les faits sont réels, mais qu'il s'est mépris en les attribuant à M. de Joly. C'était une erreur bien pardonnable. M. de Pernet n'a pas senti cette vérité. Il s'est effrayé sans doute des suites de cette . L s noms propres et les dates sont l'écueil de ma mémoire. {Note de Murai)