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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/102

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qui persuadera-t-on qu’il a ignoré les mouvements des troupes qui devaient bloquer Paris, qu’il n’a pas été instruit de leur approche, de la marche d’une armée de cinquante mille hommes ? Les ordres de faire avancer ces troupes avec des trains d’artillerie, n’ont pu être expédiés que par le ministre de la guerre, le marquis de Puységur, alors le très humble serviteur du favori ; et les ordres de fournir aux frais immenses de cette[1] horrible équipée, n’ont pu être donnés que par le directeur général des finances. Il savait donc parfaitement ce qui se passait, et il s’est tu !

Mais quand il l’aurait ignoré, ce qui est impossible, et serait impardonnable, conçoit-on qu’aux mouvements des troupes, à la formation des camps au Champ de Mars et à Saint-Denis, aux postes pris sur la Seine, il n’ait pas pénétré les desseins meurtriers des ennemis de l’État, leur horrible projet de réduire Paris par la faim, le fer et le feu ? Comment donc a-t-il gardé le silence ? Comment n’a-t-il pas découvert au Roi les dangers auxquels on exposait le trône ? Comment n’a-t-il pas éclaté dans le conseil ? Comment n’a-t-il pas informé les États-Généraux de ce qui se tramait contre la nation ? Comment n’en a-t-il pas instruit la nation elle-même ? Dira-t-on, comme les émissaires de l’aristocratie, que tout cela n’était qu’un jeu pour intimider les Parisiens ? Quoi ! un jeu qui a coûté plus de vingt millions ? Quoi ! cinquante mille combattants dévoués à la Cour, des trains d’artillerie, des grils, des plates-formes faites sur les hauteurs qui dominent Paris, et cela pour jouer une farce grotesque contre de pauvres bourgeois, qu’une poignée de stipendiés mettait en fuite ? M. Necker ignorait-il la manière dont le gouvernement plaisantait avec des sujets qui lui disputaient l’autorité ? et l’insurrection générale de la nation

    monde la plus simple. Il est arrivé à son égard ce qui arrive dans toutes les conjurations ; on profite de la trahison, et on sacrifie les traîtres. (Note de Marat)

  1. Au jugement des hommes instruits. (Note de Marat)