Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/14

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nement logique de la pensée politique[1]. Mais ce serait vouloir démontrer l’évidence, et il suffit de rappeler, à cet égard, le soin qu’a pris Marat de ne jamais renier ses œuvres antérieures à la Révolution, mais d’y rattacher au contraire, toutes les fois que l’occasion s’offrait à lui, ses conceptions du moment présent, et de tirer vanité de la hardiesse de ses théories, d’ailleurs toutes pénétrées de la double influence de Montesquieu et de Rousseau.

L’unité de la pensée de Marat, au moins sur les principes, sinon sur les hommes, se manifeste encore si l’on compare certains passages de l’Appel à la Nation avec ce qu’il écrira plus tard sur la nécessité d’un dictateur. Dans l’Appel à la Nation, c’est-à-dire dès les premiers mois de 1790, il écrit[2] : « La censure publique, un tribunal d’État, et un tribun du peuple, un dictateur momentané, pouvaient seuls terminer nos malheurs, nous délivrer des ennemis de la patrie, établir la liberté, et cimenter la félicité publique… » Et, à l’automne de 1792, quand, dans la violente séance de la Convention du 25 septembre, après les lâches reniements de Danton, après la courageuse et habile intervention de Robespierre, Marat prit la parole, ce fut pour rappeler que, sur ce point capital, sa pensée n’avait point varié, ce fut

  1. Le passage de l’Offrande à la Patrie (v. plus loin, p. 28) où Marat s’élève contre les « juges à vie » n’est que la répétition, sous une autre forme, d’un passage du Plan de législation criminelle (p. 150-151) où il expose la même idée.
  2. V. plus loin, p. 159.