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LES CHARLATANS MODERNES

(Septembre 1791)

Marat a raconté lui-même, notamment dans une lettre à son ami Roume de Saint-Laurent, le 20 novembre 1783[1], la guerre acharnée que lui firent les savants de son temps. D’où venait cette hostilité ? Marat en donne plusieurs raisons. La première, c’est, à l’en croire, la nature et la portée de ses expériences sur la lumière et sur le feu, qui ne tendaient à rien moins qu’à détruire des théories admises sans conteste. « Admettre la vérité de mes expériences, dit-il, c’était reconnaître qu’ils [les académiciens] avaient travaillé pendant quarante ans sur de faux principes, aveu qui regardait particulièrement la classe des géomètres et des astronomes ; aussi forma-t-elle contre moi une terrible cabale[2]. » Une seconde raison, c’est que l’Académie des Sciences avait été profondément blessée de la réponse de Marat à une démarche qui tendait à le faire entrer dans le sein de l’Académie. Marat avait répondu qu’il « ne s’était pas encore consulté sur cet article », réponse qui fut interprétée comme un refus dédaigneux.

Quoi qu’il en soit, un fait demeure certain : c’est que l’Académie des Sciences, et la plupart des autres savants, firent sur les travaux de Marat un silence systématique. Celui-ci en conçut un ressentiment qui ne s’apaisa jamais. Le pamphlet

  1. La Correspondance de Marat, pp. 23 et sq.
  2. Ibid., p. 31.