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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/296

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le génie, et nous n’aurons que faire de prix académiques pour voir de grandes choses éclore parmi nous.

Lettre VII

Tu conviens de la justesse de mes observations, et tu essaies de pallier les inconvénients ; tu cherches de petits remèdes. Les Académies, dis-tu, sont encore éloignées du point de perfection dont elles seraient susceptibles, parce que le bien ne s’exécute pas comme il s’imagine : mais tu crois qu’elles y parviendront enfin, et que l’étendue de nos connaissances ne prouvera pas toujours l’abus que nous en aurons fait. Erreur, erreur, cher Camille ; organisés comme ces corps le sont, seraient-ils susceptibles de réforme ? Le bien qu’ils opèrent est presque nul ; le mal qu’ils font est extrême ; les régler est chose impossible, il faudrait les anéantir.

Tu te flattes que lorsque les princes voudront le bien de leurs peuples, ils aimeront les sciences, et qu’alors il leur sera facile de les porter au comble de la gloire en réservant leurs bienfaits aux talents distingués, au génie. — Les princes songer aux sciences ! Que tu es enfant ! Ah ! ils ont bien d’autres occupations.

L’extension de leur autorité, les projets ambitieux, les impôts, les intrigues des cabinets, les tracasseries de leurs favoris, les vains honneurs, la chasse, les fêtes voluptueuses : voilà, voilà leur grande affaire ; tout le reste n’est rien à leurs yeux.

Et quoi ! diras-tu, ne fondent-ils pas à l’envi des Académies ? Vraiment oui ; mais une académie est pour un roi ce qu’une bibliothèque est pour un financier, un meuble à la mode dont il ignore l’usage, et partant[1] qu’il faut avoir.

  1. Peut-être faut-il lire pourtant.