Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/341

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ou plutôt contre elles-mêmes, pour allumer la guerre civile, sous prétexte d’arrêter le cours des vengeances populaires ? Si elle n’avait le projet de prolonger sa défaillante existence, aurait-elle arrêté d’envoyer dans les départements un décret portant invitation à tous les citoyens de se rallier plus que jamais autour d’elle ? Aurait-elle mandé à sa barre les municipaux parisiens pour jurer le maintien de l’égalité et de la liberté, dont elle feint d’être jalouse ? Aurait-elle imposé le même serment aux présidents de sections, aux autorités constituées, à tous les citoyens du royaume, elle qui n’a plus que quelques jours à exister ? Si elle n’avait l’espoir de triompher en captant les esprits, aurait-elle eu la bassesse de colporter ce décret dans les sections ?

Aurait-elle joint à ce décret une adresse fondue par le compère Guadet, dans laquelle chacun de ses membres jure, non comme représentant, mais comme citoyen, de combattre de tout son pouvoir les rois et la royauté, décret qui atteste ses lâches parjures, en faisant de chaque député un double sosie, dont le moi député jure fidélité au roi, et dont le moi citoyen jure d’anéantir le roi ?

Passerait-elle de la sorte tout son temps à faire des décrets prêts à être proscrits, si elle ne comptait sur l’arrivée des ennemis dans nos murs ; car on ne peut croire qu’elle ait à cœur de vérifier le présage de l’Ami du Peuple, qui ne s’est jamais lassé de dire que ses décrets n’étaient que des chiffons ?

Tous les actes du Corps législatif, depuis le 10, viennent donc à l’appui de la lettre trouvée dans la poche d’Antoinette.

On doit en dire autant de la conduite du Conseil exécutif provisoire, dont les différents membres, excepté le patriote Danton, paraissent tous des malveillants, pour ne pas dire des machinateurs uniquement occupés à paralyser les mesures prises pour sauver la chose publique. Dans la vue de les faire charrier droit, il n’y a pas de jour que Danton ne rompe quelque lance avec eux. Encore n’en peut-il venir