Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/55

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nationale, illustrée par son patriotisme, sa noble émulation, devient le berceau d’une multitude d’hommes d’État ; et le Monarque, qui trouvait à peine un sujet digne de sa confiance, n’est plus embarrassé que du choix de ceux que lui nomme la voix publique pour chaque département, tous capables d’occuper le premier poste, tous jaloux de servir leur Pays et leur Roi.

Chère Patrie, je verrai donc tes enfants réunis en une douce société de frères, reposant avec sécurité sous l’empire sacré des lois, vivant dans l’abondance et la concorde, animés de l’amour du bien public, et heureux de ton bonheur ! Je les verrai formant une Nation éclairée, judicieuse, brillante, redoutable[1], invincible, et leur Chef adoré au faîte de la gloire !

À ce tableau touchant, ô mes Concitoyens, qui de vous n’a point tressailli d’allégresse, qui de vous n’a point partagé mes transports ?… Mais quelle triste réflexion vient en suspendre le cours ! Ne vous abusez point : ce bonheur dont l’image vous enchante, ne doit être le prix que de votre sagesse et de votre courage. Si vous en manquez, il s’évanouira comme un songe, et un affreux réveil vous retrouvera dans la misère et dans les fers. Puisse le feu divin de la liberté, qui toujours brûla dans mon sein, enflammer le vôtre ! puisse-t-il redoubler vos efforts, et ne faire de tous les bons Français qu’une âme et qu’un cœur !


  1. Il n’est point de climat plus heureux que celui de la France, point de naturel plus heureux que celui de ses habitants. À une organisation qui les rend très propres aux exercices du corps, et qui favorise au mieux le développement des facultés intellectuelles, ils joignent l’amour de la gloire, et on a droit d’en attendre les plus grandes choses, lorsqu’ils ne seront plus légers par air et frivoles par éducation. (Note de Marat)