Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/65

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vernement à plusieurs conseils, comme font toutes les Républiques.

Sans doute cette forme d’administration a de grands avantages sur les deux autres.

D’abord, elle ne met pas de même la liberté publique en danger.

Ensuite, elle va plus sûrement au bien général, qui doit être le but de tout bon Gouvernement ; car il n’est pas si aisé à ceux qui font le rapport des affaires de les déguiser et de les altérer devant une Assemblée où se trouvent presque toujours quelques témoins des faits, que devant un Prince qui n’a rien vu que par les yeux de ses Ministres : les résolutions de l’État sont donc beaucoup mieux fondées. Les impôts sont aussi portés à un excès beaucoup moins insupportable, lorsque le Prince peut être éclairé sur la véritable situation de ses peuples et sur ses véritables besoins ; lumières qu’il trouve plus facilement dans un conseil dont les membres n’ont aucun maniement des finances, ni aucun ménagement à garder, que dans un Ministre intéressé à fomenter les passions de son Maître, à ménager les fripons en faveur, pour enrichir ses créatures et s’enrichir lui-même. D’ailleurs, les affaires, moins souvent suspendues ou bouleversées par le déplacement des Ministres, sont encore plus exactement expédiées, lorsque leur exécution est confiée à plusieurs Conseillers qui ont chacun leur département, que lorsqu’elles doivent sortir d’un même bureau.

Si cette forme d’administration paraît la moins susceptible de célérité et de secret dans la conduite des affaires, elle y apporte plus d’exactitude et de soins, plus de justice et de confiance. Elle a même peu besoin de secret et de célérité, avantages[1] toujours plus nécessaires dans un

  1. Elle pourrait, au besoin, se procurer ces avantages par des commissions extraordinaires, si l’exemple de l’ancien Sénat de