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avant nous, quel espoir nous reste-t-il de tarir la source de nos maux, si ce n’est de nous réfugier dans le temple de la liberté, et de donner à l’État une constitution inébranlable, fondée sur la raison et la justice ?

Second Discours

Enfin elles paraissent, mes chers Concitoyens, ces lettres de convocation, ces lettres si vivement désirées, si longtemps attendues.

Que d’empressement à les lire ! Mais, hélas ! quel sentiment de tristesse s’empare de mon âme en les parcourant ! J’y cherche ce ton simple et vrai d’un père tendre qui ne veut que le bien de ses enfants, qui s’émeut à l’aspect de leurs misères, qui s’indigne contre les coupables auteurs de leurs maux, qui se prépare à les tirer d’oppression, à leur rendre la liberté et la paix ; ce ton qui va au cœur et qui fait couler des larmes d’admiration : mais je n’y trouve que le langage trop ordinaire d’un Prince impérieux, dont les affaires sont dérangées, et qui veut bien recevoir les suppliques de ses sujets, pourvu qu’ils lui donnent, à leur tour, les moyens de sortir d’embarras ; je n’y vois que

    tique paraissait insupportable ; les ministres proscrits reparurent : ils furent reçus avec acclamation, et la multitude insensée, courant au-devant du joug, reprit ses fers.

    Tirons le rideau sur ces cruelles dissensions, dont le peuple n’a jamais su profiter pour recouvrer sa liberté. Flatté tour à tour par le Gouvernement et le Corps de la Magistrature, tant qu’ils ont eu besoin de son appui ; à peine ont-ils cru pouvoir s’en passer, qu’ils ont oublié leurs promesses, et qu’il s’est vu à leur merci. Il est temps qu’il ouvre enfin les yeux, qu’il reconnaisse la fausseté de leurs serments, qu’il cesse d’être leur dupe éternelle, qu’il sente que toutes ses ressources sont dans ses mains, et qu’il revendique avec courage ses droits sacrés et imprescriptibles. (Note de Marat)