Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/94

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dont on les charge : vous vous êtes volontairement soumis à ce tribunal suprême, et vous vous êtes engagé à n’en reconnaître aucun autre. Conséquences que vous n’aviez pas prévues, mais dont je prends acte contre vous.

Je vais descendre dans l’arène ; je ne veux ni bouclier, ni cuirasse : je m’interdis toute ruse, toute feinte, je ne vous attaquerai que de front ; mais laissez-moi de grâce le champ libre, et ne mettez point d’obstacle à la notoriété de mes coups. Je me présenterai en ennemi généreux, défendez-vous en brave ; abattez-moi à vos pieds, et recevez d’avance cette déclaration sacrée, que, si vous sortez vainqueur du combat, je serai le premier à publier ma défaite et votre triomphe.

Dénonciation au tribunal du public, faite par un simple citoyen, contre un agent de la puissance exécutive.

De mes jours je n’ai vu M. Necker ; je ne le connais que par la renommée, par quelques-uns de ses écrits, et surtout par ses opérations. Quoique mon contemporain, il

    de Mirabeau, pour avoir répondu à la phalange féminine parisienne : « Quand vous n’aviez qu’un Roi, vous ne manquiez pas de pain ; aujourd’hui que vous en avez douze cents, allez leur en demander » ; il adressa au président du comité des recherches une longue épître, où on lit ce passage : « Je sais qu’un citoyen doit toujours être disposé à répondre au tribunal du public ; je viens récemment de confondre une calomnie inventée contre moi, à mon district de Saint-Philippe-du-Roule. » Mais il me semble que la justification d’un ministre devant un comité de district est un peu suspecte, du moins à en juger par la réception de M. Necker à celui du district des Filles-Saint-Thomas. J’ajouterai qu’elle n’est rien moins que publique ; car tout s’y passe à huis clos. (Note de Marat)