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le charme de l’histoire

ment le fief en Comté, puis en Marquisat. Les Condé en devinrent propriétaires, et, en 1645, le jeune vainqueur de Rocroy le céda, par échange, au vieux maréchal de Bellegarde.

Le maréchal avait été l’ami d’Henri III, puis le compagnon d’armes et de plaisirs d’Henri IV, qui, dit la légende, lui permettait parfois, sous prétexte qu’« il faut que tout le monde vive », de recueillir les miettes de sa table. Il fut aussi l’ami de Louis XIII, qui, en 1620, le nomma duc et pair. Il aurait été, sans aucun doute, l’ami de Louis XIV, si un roi de six ans et un maréchal octogénaire avaient pu se rencontrer dans les mêmes plaisirs. Mais il fut probablement l’ami de Mazarin ou d’Anne d’Autriche ; dès qu’il devint propriétaire du Marquisat de Choisy, des Lettres patentes l’autori­sèrent à transporter sur son nouveau domaine le titre de Duché-Pairie. Choisv se nomma désormais Bellegarde ; il paraît qu’à cette époque c’était quelquefois la terre qui, pour s’anoblir, prenait le nom de son maître. Après le maréchal, la terre échut, par deux successions collatérales, à son petit-neveu, Louis-Henri Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, qui venait d’épouser la belle Athénaïs de Mortemart. Lorsque M. de Montespan devint gênant à la Cour, Louis XIV lui donna 200,000 livres pour payer ses dettes, avec ordre de s’exiler dans ses domaines de Guienne et de laisser Belle-