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et ses fortes études ; il méritait sans doute sa réputation, car peu de collèges de petites villes ont produit, dans une période aussi courte, autant d’hommes distingués : le général Sahuguet d’Espagnac, mort gouverneur des Invalides en 1783 ; le jurisconsulte Salviat (1746-1820) ; Cabanis, l’éminent physiologiste, l’ami de Iirabcau (1757-1808} ; l’abbé de Féletz, de l’Académie française, écrivain élégant, critique au goût délicat et pur, que plusieurs d’entre nous ont pu connaître dans sa gracieuse vieillesse et qui nous charmait par son esprit si fin et son exquise bonté (1761-1850) ; La Treille, dont notre collègue M. Edmond Perrier vous a, l’an dernier, rappelé la vie et les travaux (1762-1833) ; le maréchal Brune (1763-1815), dont la famille s’était alliée, un siècle auparavant, à la famille Treilhard ; Martignac (1776-1832), l’homme d’État sympathique et libéral dont on a pu dire, comme de Turgot, que si ses avis avaient prévalu une révolution eût été peut-être épargnée à la France ; et enfin le vice-amiral Grivcl (1778-1869), mort nonagénaire il y a quelques années, et qui avait commencé très jeune à servir la France : à quatorze ans, il quitta le collège et partit pour la frontière avec son frère aîné et avec son père, avocat au présidial de Brive, improvisé commandant du 4e bataillon de la Corrèze. Quinze ans plus tard, après le désastre de Baylen, il est captif sur les