Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
le charme de l’histoire

transaction, et qui était plutôt un véritable traité de paix entre trois puissances belligérantes. Elle céda un tiers de sa haute justice au vicomte de Turenne et un second tiers au baron de Malemort. Mais, pour le dernier tiers qu’elle avait conservé et qui donnait à ses consuls le droit de prendre les titres de barons et co-seigneurs haut-justiciers de la ville de Brive, elle prétendait du moins ne relever que du roi de France, et c’était là le nœud du procès. Treilhard rappelait qu’après comme avant la transaction de 1361, les rois lui avaient accordé directement des exemptions d’impôts pour lui permettre de réparer ses remparts ; que quand le roi traversait la ville, on lui rendait hommage. Ainsi, lorsque Louis XI y arriva le 23 juillet 1462, en revenant d’un pèlerinage à Rocamadour, les quatre consuls et quarante bourgeois à cheval allèrent au-devant de lui jusqu’à Nazareth et commencèrent ainsi leur harangue : — « Sire, les consuls et habitants de votre bonne ville de Brive-la-Gaillarde, » etc.

Pour le dire en passant, Messieurs, vous savez que ce nom de la Gaillarde, qui distingue Brive de toutes les autres villes de France, remonte loin dans l’histoire. L’abbé Leymonerie cite des lettres patentes du roi Jean, en 1351, et plus tard du roi Charles VI, où l’on trouve ces mots : villa dicta la Gaillarda. Ne croyez pas que ce fût du patois ;