Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
le charme de l’histoire

fluence prépondérante sur la marche de la civilisa­tion ; que le Christianisme, plus que les batailles de Zama ou d’Actium, a transformé le monde occidental ; que l’imprimerie, la Renaissance, la Réforme, la Révolution française ont en des conséquences plus générales, plus profondes, plus durables qu’Azincourt ou que Marengo.

L’histoire nous fait voir l’humanité s’avançant toujours, à travers les âges, vers le but marqué par les hommes de cœur qui ont un idéal et qui cherchent, au lieu de ce qui est, ce qui devrait être ; par ces rêveurs, à qui leurs rêves donnent comme une vision de l’avenir. L’esclavage, base indiscutée de la société antique, fait place au servage. Le servage, sans lequel le Moyen-Âge n’aurait pu vivre, fait place au travail libre et au prolétariat. Aujourd’hui le prolétariat est à son tour battu en brèche même par les souverains, et le jour approche où il fera place à quelque autre forme de travail, satisfaisant mieux peut-être aux exigences nouvelles de la civilisation et aux aspirations de la fraternité chrétienne.

Qu’elles sont loin de nous les guerres que se faisaient jadis de petites cités acharnées l’une contre l’autre, d’autant plus qu’elles étaient voisines : Jérusalem et Samarie, Athènes et Lacédémone, Albe et Rome ! Et les guerres entre les rois de France et les ducs de Bourgogne, entre Aragon et